Manageurs, bâtisseurs, baroudeurs, tradeurs, disrupteur, start-upeur… Les « ingés » sont partout ! Même là où on ne les attend pas. La demande excède largement l’offre des écoles d’ingénieurs.
La France manque d’ingénieurs. C’est pourtant, par excellence, le métier qui offre du travail – quelle que soit la voie choisie (prépa, post-bac, apprentissage…).
D’ici à 2032, avec les départs en retraite des baby-boomeurs et les nombreuses mutations économiques, écologiques et technologiques en cours, il faudrait diplômer au moins 40 000 élèves par an au lieu de 33 000 aujourd’hui. « Le monde manque déjà d’ingénieurs pour nourrir et soigner les populations de la planète, assurer l’accès à l’eau potable, bâtir des villes durables… », alertait François Cansell, alors président de la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs pendant la campagne de l’élection présidentielle, en février 2017.
Les jeunes diplômés ne connaissent pas la crise, qui décrochent un CDI dès leur sortie de l’école – et parfois même avant ! Encore faut-il convaincre lycéens et étudiants de choisir ces filières parfois rébarbatives sur le papier. Les écoles d’ingénieurs s’attachent à négocier le virage des nouvelles tendances. Evitent de se cantonner dans leur spécialité. Multiplient les cursus hybrides.
Un métier singulier conjugué au pluriel
Quelle est l’incidence réelle ou supposée de ces initiatives ? C’est le menu du supplément du Monde Campus publié cette semaine à l’occasion du Salon des Grandes Ecoles. Il explore les mille et une facettes de ce métier singulier qui se conjugue au pluriel, les mille et une vies de l’ingénieur. Manageur, bâtisseur, voyageur, baroudeur, tradeur, disrupteur, start-upeur… Les « ingés » sont partout ! Même là où on ne les attend pas forcément.
Le monde de la santé leur offre des emplois à haute valeur ajoutée, autant sinon plus désormais que les secteurs classiques que sont l’aéronautique, l’automobile, la robotique, la chimie, la métallurgie… A CentraleSupélec, un quart des enseignants-chercheurs travaillent en lien avec les biotechnologies. L’« industrie du futur » cherche ses hommes-orchestres pour piloter les usines, les concevoir, les construire – les détruire parfois, comme dans le nucléaire. Les « quants », ces matheux formés à Polytechnique chargés de tous les maux de la crise financière de 2008, voient s’ouvrir de nouveaux horizons dans le big data, l’intelligence artificielle… D’autres préfèrent « choisir la science plutôt que l’argent », telle cette étudiante à l’ESPCI, l’école supérieure de physique et de chimie industrielles, aux six Prix Nobel.
Et puis la démocratisation est en marche, pour tenter de combler le manque de candidats et d’appétence des jeunes pour ces métiers. Aujourd’hui, 20 % des admis en écoles d’ingénieurs sont titulaires d’un DUT ou d’un BTS. Par-delà leurs spécialités (métallurgie, automobile, informatique…), les établissements font valoir l’indéniable spécificité de la formation d’ingénieur : apprendre à apprendre.
Source: Lemonde