Interpellant les candidats à l’élection présidentielle, la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs voudrait diplômer 50 000 élèves dans cinq ans au lieu de 35 000 aujourd’hui.

« Réveillez-vous ! » C’est par cette interpellation que la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (CDEFI) vient de présenter ses propositions et demandes aux candidats à l’élection présidentielle, dans une série de communiqués. La France compte plus de deux cents écoles d’ingénieurs habilitées à délivrer des titres d’ingénieur, des institutions en majorité publiques.

Leurs diplômés n’ont pas connu la crise. Et leur profil devrait être de plus en plus recherché avec les départs en retraite des baby boomers et les nombreuses mutations économiques, écologiques et technologiques en cours. Pour la CDEFI, il faudrait ainsi augmenter de 50 % le nombre de diplômés des écoles d’ingénieurs au cours du prochain quinquennat, pour porter leur nombre de 35 000 à 50 000 par an.

« Le monde manque déjà d’ingénieurs, et il en faudra davantage face aux mutations économiques, sociales et environnementales à venir : pour nourrir et soigner les populations de la planète, assurer l’accès à l’eau potable, bâtir des villes durables, etc. », souligne François Cansell, le président de la CDEFI. En France, les diplômés des écoles d’ingénieurs ne connaissent pas la crise, et le besoin de ces experts devrait se faire ressentir de plus en plus au cours des prochaines années.

En 2032, dix-huit mille départs en retraite sont prévus

Le mouvement de départ en retraite des ingénieurs, déjà à l’œuvre, crée un impératif, selon la CDEFI, car doit que doubler sur vingt ans, passant de 7 500 en 2012 à 18 000 prévus en 2032. « Dans le monde numérique, les recrutements sont déjà difficiles, et la moitié des métiers de 2030 n’existe pas encore », ajoute M. Cansell, pour souligner l’urgence d’investir dans la formation des ingénieurs.

« Pour rester dans la compétition », il dit devoir dépenser davantage dans la formation de chaque ingénieur. L’investissement par élève et par an est de 11 000 euros en France contre l’équivalent de 15 720 euros aux Etats-Unis et de 19 052 euros en Suisse, rappelle M. Cansell. Il prône d’ailleurs une attention particulière à la transition numérique. Mais aussi des efforts pour encourager davantage la féminisation et l’ouverture sociale des formations.

Aujourd’hui, 28,4 % des élèves ingénieurs sont des jeunes femmes, une proportion qui a triplé en vingt-cinq ans, mais qui reste loin de la parité visée. M. Cansell demande que l’opération « Ingénieuses » lancée par la CDEFI – un concours et une campagne de sensibilisation pour faciliter l’éclosion de vocations d’ingénieures – soit déployée par l’Etat.

Pour ses élèves, la CDEFI réclame aussi des efforts pour développer le logement étudiant et les cautions solidaires de loyer, l’attribution d’un « passe culture gratuit » ou encore la possibilité de travailler plus facilement pour leurs écoles grâce à la création d’un « chèque emploi étudiant ».

Mobiliser 700 millions supplémentaires

Au total, c’est une enveloppe de 700 millions d’euros supplémentaires qu’il faudrait mobiliser sur cinq ans pour tenir de tels objectifs, a calculé la CDEFI. Elle ne se prononce pas sur la façon d’obtenir de tels moyens, qui pourraient venir du budget de l’Etat, des collectivités locales mais aussi de l’augmentation des droits d’inscription ou des ressources propres (formation continue, contrat de recherche, etc.).

Entre autres propositions, la CDEFI demande également le développement de l’apprentissage, qui concerne aujourd’hui 13 % des élèves ingénieurs, et permet notamment de diversifier le recrutement en direction des diplômés de BTS, de DUT ou de licence. Mais elle appelle à prendre en compte l’ensemble des coûts du dispositif, qui ne sont couverts, selon elle, qu’à 68 % aujourd’hui.

Enfin, les directeurs des écoles d’ingénieurs demandent plusieurs assouplissements réglementaires, notamment pour que les antennes de leurs écoles à l’étranger puissent délivrer des diplômes français. Mais aussi pour faciliter les regroupements d’instituts technologiques, comme ceux qui ont lieu entre les écoles des mines et des télécoms : « Des métropoles comme Barcelone, Madrid, Lausanne, Turin ou Munich font cohabiter une université généraliste avec une université technologique ou polytechnique », conclut François Cansell. Ce qui, selon lui, améliore aussi la visibilité internationale de ces formations.

 

source: Lemonde

Par Adrien de Tricornot Publié le 26 février 2017 à 11h42 – Mis à jour le 27 février 2017 à 12h16

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